Tranche d'âge : 5- 8 ans
Durée : 4 mn
Il était une fois un homme bavard. C’était même l’homme le plus bavard du monde.
Dès qu’il apercevait quelqu’un, avant même que la personne n’ait pu lui dire bonjour, il se mettait à parler. Il parlait toujours le premier et c’est encore lui qui parlait le dernier. Et pour dire quoi ? Parfois, il ne s’en souvenait pas. Il aurait bien aimé se taire parfois pour écouter les autres, mais il n’y parvenait pas.
Depuis quelque temps, il s’était aperçu qu’il fatiguait son entourage. Ses amis ne l’accueillaient pas aussi bien qu’avant et quand il commençait à raconter une histoire qui lui était arrivée, les bons copains n’avaient pas peur de lui dire :
- Arrête ! Celle-là, tu nous l’as déjà racontée ! Trois fois …
Dans ce cas, il se taisait un instant mais il se mettait aussitôt à raconter autre chose : « bla bla bla bla bla et patati et patata… »
La dernière fois qu’il était allé voir son meilleur copain, Julien, celui-ci lui avait dit un peu brutalement :
- Mais arrête un peu de parler, écoute-nous de temps en temps !
Julien avait raison, le bavard ne savait pas grand-chose sur ses amis parce qu’il ne les écoutait pas.
Quand il rentra chez lui, il était vraiment désolé et il se promit de changer. Mais sa bonne résolution échoua car c’était vraiment plus fort que lui : il ne pouvait jamais se taire. C’est comme s’il était possédé par une machine à parler qui se moquait bien de lui et de ses sentiments.
Il se surprenait aussi de plus en plus souvent à parler tout seul. C’était vraiment inquiétant !
Un jour, il vit une poule qui le regardait et qui lança un furieux :
- Cot cot cot codec !
Il eut l’impression d’entendre :
- Stop stop ton caquet !
A ce moment là, l’âne dans le pré répondit tristement :
- Hi Han, Hi Han !
Et notre homme entendait :
- Fiche le camp, fiche le camp !
Il fut très perturbé jusqu’à la fin de la journée et il ne dormit pas de toute la nuit.
Le lendemain matin, il se dirigea vers le puits car il avait bien envie de s’y jeter. Il s’assit sur la margelle, le petit muret qui borde le puits, et commença à raconter tous ses malheurs. Il n’avait pas fini, évidemment comme il était très bavard, son discours prenait un certain temps, qu’il distingua des feuilles blanches qui remontaient de la surface de l’eau en tournoyant et qui venaient vers lui. Il en attrapa une, puis une autre. Quelle surprise ! Ce qu’il découvrit était extraordinaire : tout ce qu’il était en train de raconter était écrit noir sur blanc, avec de belles lettres bien formées, sur le papier froissé.
Il resta là des heures à parler et, au fur et à mesure, les feuilles s’entassaient à côté du puits.
Plus tard, il découvrit que certaines pages étaient intéressantes quand d’autres ne l’étaient pas du tout. Alors il fit le tri parmi toutes les feuilles que le puits lui avait offertes et imprima les meilleures dans des recueils qu’il disposa dans sa bibliothèque.
Il s’était isolé depuis quelque temps, d’abord pour ne plus importuner ses amis puis pour fabriquer ses petits livres.
Mais un jour, il partit de bon matin avec, dans son sac à dos, un pique nique et plusieurs recueils de ses histoires. Il avait décidé de rendre visite à tous ses bons copains, en commençant par Julien. Celui-ci était très content de voir son ami et le remercia longtemps de sa visite, en lui répétant plusieurs fois qu’il lui avait manqué.
C’est ainsi que notre grand bavard s’aperçut qu’il pouvait enfin écouter ses amis, maintenant qu’il avait la possibilité de dire ses histoires dans des livres. Il en offrit un à Julien et à tous les autres amis qu’il rencontra ce jour-là.
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