dimanche 17 octobre 2010

Souriceau et les animaux de la savane

Tranche d’âge : à partir de 5 ans
Durée : 5 mn

C’est la panique aujourd’hui dans la savane. Tous les animaux se précipitent dans la même direction. Ils courent, ils courent à toute vitesse. Mais où vont-ils donc ?
Souriceau voit d’abord passer le front terrible du gnou et il lui demande :
- Mais où cours-tu comme ça, oh ! buffle royal ?
- Je ne suis pas un buffle, je suis un gnou !
- D’accord, d’accord mais tu devrais m’emmener, on a toujours besoin…
Mais la voix de Souriceau se perd dans la savane. Bientôt, il sent le sol vibrer sous ses petites griffes et il aperçoit tout un troupeau de zèbres galopant à bride abattue et criant :
- Sauve qui peut ! Sauve qui peut !
Inutile de leur demander quoi que ce soit, pense Souriceau, je dois plutôt m’écarter pour éviter de me faire écraser.
Puis c’est au tour de l’autruche qui passe à vive allure grâce à ses enjambées de géante.
- Qu’est-ce qui se passe pour qu’elle ait laissé ses œufs ? murmure Souriceau.
Mais pour rien au monde , il n’oserait le lui demander : il a trop peur de son bec vorace. C’est dommage pour elle, car on a toujours besoin… Souriceau est alors interrompu dans sa réflexion par ses amis les fauves qui courent comme des fous.
- Où… où…où a.. a…llez-vous ? crie t-il de toutes ses forces en direction du guépard et du lion.
C’est parce qu’il est très impressionné par l’allure toujours aussi majestueuse des grands félins, qu’il se met à bégayer. Il n’a pas vraiment peur d’eux : jamais il ne leur viendrait à l’idée de courir après une si petite proie. Alors il s’enhardit et poursuit :
- Oh ! Oh ! les amis ! Emmenez-moi avec vous, on a toujours besoin…
Mais tout à coup, il se sent bien ridicule. Personne ne l’écoute. Personne ne daigne même le regarder. Et il ne sait toujours pas pourquoi tous les animaux de la savane se sauvent ainsi. Le passage de l’antilope, vive comme l’éclair, lui redonne un peu le sourire :
- Pour une fois que c’est elle qui court après le lion !
- Viens vite petite souris, monte sur mon dos et agrippe-toi bien. Mon dieu, j’ai bien failli t’écraser.
C’est la girafe qui a parlé. C’est un miracle ! Enfin quelqu’un s’intéresse à Souriceau ! Second miracle, elle lui raconte, sans qu’il lui demande quoi que ce soit, que le feu se propage et qu’on entend des coups de fusil. Elle est la dernière à déguerpir parce qu’elle a vérifié que tous les animaux étaient bien partis.
- Je vois tout ce qui se passe de là-haut, précise-telle. On a toujours besoin d’un long cou dans la savane, c’est souvent lui qui prévient le danger.
Souriceau en profite pour donner sa version :
- Oui, mais on a toujours besoin aussi…
A nouveau, il est interrompu par le cri de la girafe :
- Le piège, c’était un piège ! Regarde tous nos amis qui sont piégés dans ce filet !
C’est en effet un piètre spectacle que de voir les plus beaux spécimens de la savane attrapés comme des mouches dans un gigantesque panier. La force et le courage ne leur servent plus à rien. Au contraire, les mailles du filet se prennent dans les cornes, dans les crocs des gueules rugissantes, étranglent le long cou de l’autruche et s’emmêlent dans les multiples pattes qui se rebellent.
Mais Souriceau ne perd pas de temps. Très vite il a sauté du dos de son amie et a commencé à grignoter les fils de la prison des animaux. Pour l’encourager, la girafe lui raconte la terrible histoire des braconniers qui les pourchassent sans arrêt.
- Ils veulent les cornes du gnou et de l’antilope. Ils les revendent très cher à d’autres trafiquants qui en feront des médicaments pour des gens bien portants dans des pays lointains. Ils veulent les plumes de l’autruche, si noires et si soyeuses pour en faire des déguisements. Ils veulent la peau du zèbre pour en faire des pantalons rayés, ils veulent la mienne aussi et celle du guépard pour faire des sacs à main que les belles dames promèneront sur les trottoirs des grandes villes.
Pendant que la girafe raconte cette bien triste histoire, Souriceau grignote, grignote les mailles du filet.
- Et le lion, pourquoi veulent-ils le capturer ? se demande –t-il.
La girafe comprend la question par télépathie et elle ajoute :
- Et ils veulent le lion, parce que c’est le roi de la savane, tout simplement.
- Mais ils ne l’auront pas, dit une belle voix fière et libre.
C’est le lion en personne qui a été libéré le premier. Aidé par la girafe, il tire sur les mailles abîmées et soudain, le filet cède enfin. Tous les animaux crient :
- Merci petite souris !
C’est ça que je voulais vous dire tout à l’heure, répond Souriceau :
- On a toujours besoin d’un plus petit que soi.
- Tu as sacrément raison, dit le lion. Grimpe dans ma crinière, tu y resteras le temps qu’il te plaira. Allez mes amis, ajoute-t-il, partons vite, ils ne doivent plus être loin à présent !