dimanche 10 janvier 2010

Qui a volé le soleil ?

Tranche d’âge : à partir de 4 ans.
Durée : 6mn


Un matin, Renardeau sort de son terrier, bien décidé à passer une bonne journée. Mais il regarde le ciel et s’exclame :
- Où est le soleil ? Il a disparu !
Il cherche Maman Renard pour lui poser la question, mais elle est au boulot.
Il court alors dans tous les sens pour trouver Papa Renard, mais celui-ci est parti manifester pour ne pas perdre son boulot.
Inutile de demander à ses grands frères, ils se moqueraient encore de lui.
Il est seul, tout seul et le soleil ne revient pas. Alors il crie très fort :
- Ohé ! Qui a volé le soleil ?
Un grand silence lui répond.
Décidément tout le monde est occupé ce matin.

D'un bond gigantesque le propulsé sur un autre continent. Peut-être qu’ici, quelqu'un pourra le renseigner ?
C’est un lionceau qui l’accueille. Il n’est peut-être pas plus grand que lui mais, ouh là là ! , il a déjà de grands crocs et des muscles puissants. Renardeau cache la crainte qui l’envahit et demande hardiment :
- Dis, tu n’aurais pas vu le soleil de mon pays ? Il a disparu depuis ce matin !
- Non, regarde, dit le lionceau en lui montrant le ciel, il n’y en a qu’un et il est là depuis toujours. Je ne sais pas où est le tien. Viens, nous allons demander aux vieux sages qui discutent sous le figuier.
Quand Renardeau aperçoit les vieux lions qui se reposent sous l’arbre, il ne peut cacher son effroi. Leur tête énorme, leur crinière ébouriffée et leur corps puissant le terrorisent. Mais Lionceau le rassure :
- Ne crains rien, tu es mon ami maintenant. Personne ne te fera du mal ici.
En effet, les vieux lions écoutent attentivement la question de Renardeau et s’excusent longtemps de ne pas pouvoir l’aider.
Le soir, il est invité à partager le repas des villageois et à jouer avec son ami.
Mais il doit repartir. Il doit retrouver celui qui a volé le soleil.
Alors, au petit matin, avant de s’élancer à nouveau, il laisse un message près de Lionceau qui dort encore : Rendez-vous chez moi à La Saint-Jean.

Encore un bond et Renardeau se retrouve sur le dos d’un dodo. Celui-ci s’écrie aussitôt :
- Eh ! Ne m’écrase pas, s’il te plaît, je suis le seul rescapé des dodos de l’Ile Maurice.
- Ah bon ! C’est là que je suis arrivé ?
- Non, nous sommes en Afrique du Sud. Je me suis réfugié ici parce que chez moi, personne ne veut croire qu’il existe encore un spécimen de mon espèce. Les scientifiques l’ont dit, alors… Et toi, tu vas faire comme les autres, tu ne vas pas me croire !
- Eh bien, tu te trompes. Je te crois, répond Renardeau en descendant du dos du Dodo. Je peux même te le prouver. D’habitude je mange les poules et les oiseaux mais je n’en ferai rien. Pour sauver les dodos et pour te montrer ma sympathie. En échange, tu dois m’aider : « Sais-tu qui a volé mon soleil ? »
Le Dodo est désolé, il ne sait pas. Il propose quand même à Renardeau de partager le sien ; ça l’arrangerait, il aurait moins chaud. Mais les deux compagnons ne savent pas comment faire alors Renardeau décide d’aller voir plus loin sans oublier d’inviter le Dodo à La Saint-Jean.

Quand il atterrit, il se retrouve le nez dans une épaisse fourrure noire. Non, blanche. « Où suis-je », se dit-il ? Il prend un peu de recul et se rend compte qu’il est en face d’un panda de Chine. Incroyable ! On parle toujours de Petit Panda, alors il croyait que les pandas étaient tout petits. Pas du tout, celui-ci pèse au moins 150 kg ! C’est un gros petit panda. A côté, Renardeau ne fait pas le poids.
Mais en le voyant grignoter ses feuilles de bambou, il se souvient d’une émission sur les animaux. On disait que les pandas géants des montagnes de Chine se nourrissent exclusivement de bambou, jusqu’à neuf ou dix kilos de feuilles par jour.
Voilà Renardeau rassuré. Alors il demande :
- Dis, tu n’aurais pas vu mon soleil ? Il a disparu. Je cherche celui qui me l’a volé.
Mais lorsque Gros Petit Panda se retourne, Renardeau aperçoit des larmes qui inondent ses grands yeux.
- Que se passe-t-il ? Tu t’es fait mal avec les grandes tiges de bambou ?
- Non, répond Gros Petit Panda, ce sont les autres. Ils se sont encore moqués de moi. Tous les jours c’est pareil, ils ne veulent pas rester avec moi parce qu’ils disent que je suis ridicule avec mes oreilles blanches.
- Pourquoi ? s’enquiert Renardeau.
- Parce que tous les pandas ont les oreilles noires.
- Et alors, je ne comprends pas, ajoute Renardeau, je n’ai pas de préférence entre les oreilles blanches ou les oreilles noires. Cela n’a aucune importance.
- Pour toi peut-être, mais eux disent que je ne suis pas comme les autres.
- Eh bien, ajoute Renardeau, c’est mieux d’être différent. Tu es unique.
- Merci Renardeau, dit Gros Petit Panda. Toi aussi tu es unique pour moi. Tu es le seul à me respecter. Je ne l’oublierai jamais. Mais désolé pour ton problème. Je ne sais pas qui a volé ton soleil.
- Cela ne fait rien, répond Renardeau en tapotant le dos de son ami Gros Petit Panda. Je vais continuer à chercher et quand je serai rentré, j’espère que tu viendras à La Saint-Jean.

Renardeau a fait ce qu’il a dit à son ami. Il a cherché partout. C’est comme ça qu’il a encore rencontré l’otarie qui rit, le rhinocéros pas féroce, le ragondin végétarien et le toucan très marrant.

Personne n’a vu son soleil, alors il est rentré.
- Mais où étais-tu ? crie Papa Renard lorsqu’il l’aperçoit.
Et Maman Renard verse de grosses larmes de joie. Quand Renardeau explique pourquoi il est parti, Papa Renard dit :
- Voyons, Renardeau, personne ne l’a volé, ton soleil ! Il était juste caché derrière les nuages. Il suffisait d’attendre. Il faut savoir attendre parfois dans la vie.
Et il ajoute tendrement en le regardant :
- Nous, nous avons su l’attendre notre soleil, et il est revenu !
Ses frères aussi sont très contents de le revoir. Ils sautent partout autour de lui et son frère aîné dit :
- Viens voir le beau feu que nous faisons pour La Saint-Jean !
Et quand Renardeau s’approche, il n’en croit pas ses yeux :
- Mes amis ! Oh ! mes amis ! Vous êtes tous venus ! s’écrie-t-il.
En effet, ils sont tous là. Il les compte et les recompte, pas un ne manque à l’appel.
Quel bonheur d’avoir tous ceux qu’on aime réunis autour d’un bon feu ! Ils font une grande farandole et s’amusent toute la soirée.
Je crois même que la fête a duré jusqu’au lever du soleil. Et cette fois, il était bien là.