dimanche 24 janvier 2010

La Fève et la fée

Tranche d'âge : 4 - 7 ans
Durée : 3mn


Dans mon quartier, il y a une jeune fille désespérée. Elle s’appelle Camille. Elle aime Germain, son beau voisin, mais il n’en sait rien. Quand ils se croisent dans la rue, il ne la regarde même pas. Elle ne sait plus quoi faire.
Un jour, une amie de sa mère lui conseille d’aller voir la fée qui habite le quartier d’à côté. Une fée ? Aujourd’hui ? Elle n’y croit pas du tout mais se rend tout de même au 51 rue des Capucins, à l’adresse indiquée. C’est une dame très ordinaire qui la reçoit. Camille se demande un instant si on ne s’est pas moqué d’elle mais, en distinguant la petite lueur qui brille dans les yeux de la dame et qui lui donne un air de petite fille, elle trouve le courage de lui exposer son problème.
- J’ai une solution, lui dit la fée, mais dépêche-toi, il ne te reste qu’une semaine, nous sommes déjà à la fin du mois de janvier. Je te donne cette fève que tu mettras dans une galette. C’est un haricot magique qui fera naître un amour indéfectible dans le cœur du jeune homme qui la trouvera.
- Mais comment être sûre que c’est lui qui aura la fève ? demande Camille.
- Ne t’inquiète pas, lui répond la dame en lui tendant une petite enveloppe parfumée. Tu réciteras la formule magique qui se trouve à l’intérieur, et tout ira bien.

La jeune fille court alors toute la ville pour trouver la meilleure farine, la poudre d’amande la plus fine et les œufs les plus frais. Le jour venu, elle confectionne sa galette en y mettant tout son amour.
Pendant ce temps, sa mère, qui est dans la confidence, a invité la famille au complet et quelques voisins.
Le dernier dimanche de janvier arrive. Tout le monde est attablé et attend la fameuse galette. Camille coupe soigneusement les parts et les distribue une par une aux invités.
Mais, tout en souhaitant à tous : « Bon appétit ! », elle se rend compte qu’elle a complètement oublié la formule magique. A cet instant, elle aperçoit la petite fève verte dans la part du grand-père. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Et au moment même où l’épaisse moustache grise frétille de plaisir à l’idée de déguster la bonne galette, un léger son plaintif sort de la gorge de Camille.
Le grand-père, qui n’entend plus grand-chose, ne l’a pas remarqué. Mais si ses oreilles se sont un peu fermées, il a gardé son cœur grand ouvert. Au moment où il aperçoit la fève dans sa galette, il voit le désarroi sur le visage de la jeune fille et comprend aussitôt le tourment qui l’agite.

Alors il se tourne vers son jeune voisin, lui pose tranquillement la main sur le bras et lui dit :
- Dis-moi, mon jeune ami, j’ai un peu froid tout à coup. Tu serais bien aimable d’aller chercher ma veste qui se trouve sur le porte-manteau de l’entrée.
Et pendant que Germain se dirige vers l’entrée, le grand-père échange subrepticement sa part de galette avec celle du jeune homme. Aussitôt, il est remercié par un sourire magnifique qui illumine le visage de Camille.

Faut-il vous en raconter davantage ? Lorsque Germain trouve la fève, il est à la fois gêné et heureux. C’est Camille qu’il choisit comme reine, évidemment, et il l’entraîne à l’autre bout de la pièce pour lui dire :
- Cette fève est magique ! Je ne suis plus timide ! Sais-tu que je t’aime depuis toujours et que je n’ai jamais osé te le montrer.
A ce moment précis, un éclair de bonheur parcourt son visage et il ajoute :
- Veux-tu être mon amie pour la vie ?

C’est à vous mes amis de deviner ce que répond Camille !