Tranche d’âge : 4 – 7 ans
Durée : 4 mn 30
Il était une fois trois papets qui avaient chacun une mule. Celle-ci les emmenait chaque semaine au marché pour vendre quelques produits de leur ferme.
Un soir, les trois mules se retrouvent dans le champ d’un des papets et discutent de leur condition d’existence. Elles se plaignent du service qu’elles doivent accomplir chaque semaine : les chemins sont durs, les paniers de plus en plus lourds à porter et les papets ne sont pas toujours de bonne humeur. Elles décident alors, d’un commun accord, de faire un dernier voyage et de réclamer leur liberté.
Le lendemain matin, les mules sont toujours bien décidées mais chacune devra convaincre son papet.
René voit tout de suite, en attelant sa mule, qu’il se passe quelque chose de particulier. Il lui demande :
- Pourquoi fais-tu la tête ? Que veux-tu donc ?
Voyant que la mule ne répond pas, il insiste :
- Veux-tu que j’augmente ta ration quotidienne ?
La mule fait non avec sa tête.
- Veux-tu moins de chargement ?
L’animal fait encore un signe négatif et finit par avouer qu’elle ne désire qu’une seule chose : reprendre sa liberté. Cet aveu met immédiatement René dans une grande colère :
- Tout ce que tu veux, s’écrie-t-il, mais pas ça ! J’ai besoin de toi et il n’est pas question que tu t’en ailles !
Et il se met à l’injurier :
- Espèce de vieille bourrique ! Tu croyais que j’allais te donner ta liberté, comme ça ? Mais tu rêves, ma pauvre, tu es devenue folle ! Avance plutôt et que je n’entende plus jamais parler d’une idée pareille !
Les voilà enfin partis et René continue à insulter sa mule :
- Allez, bouge tes fesses plus vite, feignasse, ingrate !
Et il en va ainsi pendant tout le trajet. La pauvre mule doit subir les paroles violentes du paysan déchaîné. Mais elle ne renonce pas à son projet, bien au contraire. Les reproches et les insultes ont attisé son envie de liberté et elle n’aura plus aucun remords d’ échapper à René, dès qu’il aura le dos tourné.
La mule de Jules n’est pas mieux lotie. C’est même pire pour elle ; non seulement il l’injurie violemment mais il la bat pendant tout le voyage. La pauvre mule arrive au marché épuisée et tout endolorie. Elle n’a plus aucune raison de rester avec son tortionnaire ; elle se sauvera dès qu’elle pourra.
Mais tout est différent avec la mule de Fernand. Quand il apprend que sa mule désire reprendre sa liberté, il lève les bras au ciel et s’écrie :
- Bougre d’idiot que je suis, jamais je n’y avais pensé ! Jamais je ne t’ai demandé si tu étais d’accord d’être à mon service. J’en suis parfaitement désolé.
La mule le rassure en lui disant qu’elle a toujours été très bien traitée chez lui et qu’elle n’a jamais manqué de rien.
Alors, en caressant son poil soyeux, Fernand lui promet qu’il lui rendra sa liberté comme elle le demande. Et pendant tout le trajet, il la félicite pour sa bonté, sa loyauté, son courage et la remercie vivement de tous les services rendus. Il la cajole ainsi pendant tout le voyage.
Après avoir déchargé les paniers, il lui enlève sa bride et la regarde tristement en disant :
- Tu vas me manquer car j’ai de l’amitié pour toi, mais je te souhaite bonne chance et j’espère que tu seras heureuse.
C’est ainsi que les trois mules retrouvent leur liberté, les deux premières par la ruse et la dernière avec la faveur de son ancien propriétaire.
Les semaines suivantes sont bien difficiles pour les papets qui doivent eux-mêmes porter tous leurs paniers jusqu’au marché. Jules et René crient encore après leurs mules qui se sont échappées, tandis que Fernand regrette surtout les grands yeux intelligents de sa bête.
Mais quel n’est pas son étonnement quand il découvre, un beau matin, la mule devant sa porte.
- Que fais-tu donc là, ma belle ! Tu as oublié que je j’ai redonné ta liberté ?
La mule laisse entendre à Fernand qu’elle vient là en amie, seulement pour lui rendre visite et qu’elle en profitera pour l’aider à porter ses marchandises, puisque c’est le jour du marché. Elle insiste tant que Fernand finit par accepter et, pendant tout le trajet, ils devisent ensemble sur le monde et sur les deux autres mules qui sont parties loin d’ici, pour refaire leur vie.
Et il en va ainsi chaque semaine jusqu’au jour où la mule s’installe définitivement, pour le plaisir et l’amitié. En échange, Fernand lui a aménagé douillettement le meilleur coin de l’écurie, lui donne à manger, la soigne quand elle en a besoin et, ainsi, ils sont heureux ensemble.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire